MÉMOIRE DE LA SOCIÉTÉ DE
TRANSPORT DE MONTRÉAL (STM)
SOMMAIRE
Depuis près de 150
ans, les transports collectifs sont au cœur du développement économique de Montréal et contribuent à la productivité et à l’activité économique
des entreprises et des organismes de la région. En assurant plus 1,2 million de
déplacements quotidiennement, la STM facilite le déplacement des citoyens qui
se rendent au travail, dans un lieu d’enseignement ou dans les commerces.
Les transports collectifs contribuent également à
réduire la congestion routière qui coûte à la région de Montréal environ 1,4
milliard annuellement, soit 1 % du PIB montréalais. En effet, ils permettent de
réduire les temps de déplacement de l’ensemble de la population, y compris des non-utilisateurs.
Les clients du transport collectif sont autant de personnes réduisant la congestion
du système routier, ce qui améliore les temps de déplacement des marchandises
et de la population (CCMM,
2010).
Impacts économiques des transports collectifs dans la région montréalaise (2009)
· 1,8 milliards $ en investissement dans la région
de Montréal
· Valeur ajoutée dans l’économie de 1,1 milliards
de $ · 14 000 emplois-années directs et indirects
· Recettes totales
de 216 millions $ pour le gouvernement du Québec
· Recettes totales
de 86 millions $ pour le gouvernement du Canada
source : CCMM, 2010
Investir en transport collectif permet la mise en
place d’infrastructures de transport modernes et efficaces qui participent à améliorer
la compétitivité des centres urbains. De plus, le développement des transports
collectifs réduit la demande pour des infrastructures routières supplémentaires
et encourage un mode de développement durable qui permettra aux villes, poumon économique du pays, de prospérer
pour les décennies à venir.
Recommandations
1. Il est recommandé de créer un fonds national
pour le transport collectif afin d’assurer un financement prévisible et à long terme des
immobilisations.
2. Le budget 2011 indique que le gouvernement
déposera les mesures législatives pour rendre permanent l’investissement annuel
de 2 milliards de dollars destiné au Fonds de la taxe sur l’essence. Il est
recommandé que cette contribution soit également indexée sur une base annuelle.
3. Le ministre des Transports de l’Infrastructure
et des Collectivités du Canada a affirmé qu’il va développer un programme
d'infrastructures publiques à long terme qui se prolongera une fois que le plan
Chantiers Canada sera terminé. Il est recommandé que les transports
collectifs demeurent une catégorie éligible au financement fédéral.
LA SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL
Quatorzième entreprise en importance au Québec, la
Société de transport de Montréal (STM) emploie près de 9 000 personnes et
assure 1,2 million de déplacements par jour, soit plus de 70 % des déplacements
en transport collectif au Québec. Son budget s’élève à plus de 1,15 milliard $
et la valeur de remplacement de ses actifs est estimée à plus de 14,5 milliards
$. Depuis plusieurs années, la gestion rigoureuse de la Société est reconnue
internationalement, notamment par la firme Moody’s qui lui accorde la cote de
crédit Aa2, la plaçant ainsi dans le peloton de tête des sociétés de transport les mieux gérées en Amérique
du Nord.
La STM exploite un parc de plus de 1 600 bus. Le
réseau dessert l’agglomération de Montréal, un territoire de près de 500 km2. Il compte
206 lignes de bus et 95,4 km de voies réservées qui permettent des déplacements
plus rapides. En 2010, l’offre de service du réseau bus a atteint près de 81,4 millions de km, une
augmentation de 16 % par rapport à 2006.
Inauguré en 1966, le métro de Montréal est constitué
de quatre lignes totalisant 71
km desservant 68 stations. Le parc compte 759 voitures
qui ont parcouru 76,9 millions de km en 2010, soit 30 % de plus qu’en 2006.
Dans le cadre du dévoilement des résultats de 2008 et 2009 du balisage réalisé
par le Collège impérial de Londres auprès de 27 métros dans le monde, le métro
de Montréal s’est classé comme le plus productif, c’est-à-dire que la
productivité de sa
main-d’œuvre est la plus élevée en terme de km-voiture et que ses coûts
d’exploitation figurent parmi les plus bas, et ce, malgré que ses voitures
soient parmi les plus vieilles au monde.
La Société de transport de Montréal primée sur la scène internationale
La STM a remporté le Prix de la meilleure société
de transport en Amérique du Nord de l’American Public Transportation Association (APTA). Ce prestigieux
prix lui a été décerné, entre autres, pour les
excellents résultats qu’elle a obtenus entre 2007 et 2009 en matière d’efficacité et d’efficience.
Le Plan stratégique 2020
En décembre 2010, la
STM a présenté un projet de plan de développement qui décrit la vision de l’entreprise et ses projets pour les dix prochaines années. Le Plan
stratégique 2020 vise un transfert modal de 5 % des automobilistes vers le transport
collectif lequel permettrait d’atteindre 540 millions de déplacements annuels
sur les réseaux de la STM d’ici 2020, ce qui représente une hausse de l’achalandage de 40 %.
La réalisation de ce Plan nécessitera des investissements estimés à 12 milliards $. Pour y arriver, la STM mettra
particulièrement l’accent sur le maintien et le renouvellement de ses actifs
afin d’assurer la fiabilité et la sécurité de son réseau.
Afin d’augmenter l’offre de service, le plan vise également
le développement de modes structurants
de transport collectif comme le métro. Concrètement, le plan prévoit le
remplacement du matériel roulant et le prolongement du réseau. La STM veut
également développer son réseau de bus. Pour ce faire,
elle compte entre autres bonifier les mesures préférentielles pour bus comme
les voies réservées, assurer la mise en service d’un système de transport
intelligent qui permettra notamment d’informer la clientèle et de gérer sa
flotte en temps réel, ajouter plus de 400 bus et électrifier progressivement
son réseau de surface ce qui permettra à l’entreprise de contribuer d’avantage
à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de supporter le développement d’une filière
industrielle canadienne liée aux véhicules électriques.
LES CENTRES URBAINS, MOTEURS ÉCONOMIQUES DU CANADA
Les villes sont le moteur de l’activité économique
mondiale. Au Canada, plus de 80 % de la population vit dans les centres
urbains. Or, les infrastructures jouent un rôle stratégique pour assurer
l’efficacité et le développement économique des métropoles, particulièrement en
matière de transport.
Améliorer l’efficacité des déplacements équivaut à stimuler autant la
production que la consommation. Il s’agit, en effet, d’un élément essentiel
pour attirer des investissements privés alors que les entreprises
sont dépendantes du réseau de transport en place pour les déplacements de leurs
employés et le transport efficace des marchandises (Conference board, 2007).
Les sociétés les plus riches sont aussi celles présentant la mobilité la plus
forte (CCMM, 2010). À l’heure où la majorité des infrastructures de transport
doivent être renouvelées, l’augmentation de la population dans les
agglomérations urbaines provoque une pression accrue pour le développement de
solutions de déplacement efficaces. Il est donc opportun d'investir en transport collectif.
Rappelons que le développement du réseau routier dans
une région métropolitaine stimule l’étalement urbain, qui lui même entraîne une
hausse de la congestion et une demande accrue pour de nouvelles infrastructures
qui exerceront une pression à long terme sur les finances publiques lorsque vient
le temps de les entretenir. C’est d’ailleurs la situation observée actuellement
dans la région métropolitaine de Montréal. Développées il y a une cinquantaine
d’années, les infrastructures de transport montréalaises souffrent d’un déficit d’entretien alors que le
réseau autoroutier continue de se développer.
En 2007, le coût de la congestion dans les 9 plus
grandes villes canadiennes variait entre 2,3 milliards et 3,7 milliards
-dollars de 2002- selon les différentes estimations (Conference board, 2007 et
ATUQ, 2008). Pour leur part, les pertes économiques attribuées à la congestion
à Montréal étaient estimées à près de 1,4 G$ pour l’année 2003, soit 1,1 % du
PIB régional (CCMM, 2010).
Le cercle de l’étalement urbain
«Bien que la congestion affecte négativement toute
l’économie, certains secteurs d’activité sont particulièrement touchés. Les
entreprises de camionnage à elles seules enregistrent des pertes annuelles
liées à la congestion récurrente (pendant les heures de pointe) estimées à 80
millions $ en 2009» (CCMM, 2010). Avec 1,2 millions de déplacements sur une
base quotidienne, les clients de la STM sont autant de personnes réduisant la
congestion routière, ce qui améliore les temps de déplacement des personnes et des marchandises.
Parce qu’il contribue à freiner l’étalement urbain
et réduire la congestion, le transport collectif requiert moins de dépenses
d’infrastructures - routes, ponts, aqueducs, égouts, éclairages, stationnements,
etc. (ATUQ, 2008). De plus, la surface nécessaire pour le déplacement en voiture
particulière est également très supérieure à celle que requiert le transport
collectif. Les voitures occupent, à circulation équivalente, environ six fois
plus d’espace de route qu’un bus. Dans un espace urbain limité, comme c’est le cas à Montréal et dans les
autres grandes villes du pays, les solutions d’aménagement qui existent pour
maintenir la fluidité des voitures, comme les autoroutes,
les ponts, les tunnels ou les viaducs, deviennent alors extrêmement onéreuses (CCMM, 2010).
LE TRANSPORT COLLECTIF : UN CHOIX PAYANT
Le contexte actuel pousse les décideurs à faire
des choix stratégiques afin de soutenir la reprise économique et d’assainir les
finances publiques. Pour ce faire, les gouvernements doivent investir dans des secteurs d’activité
favorisant cette reprise et générant richesse et emplois.
Le transport
collectif est habituellement reconnu pour ses vertus sociales et
environnementales. Il constitue une alternative
abordable pour accéder aux services, aux biens de consommation, à l’éducation,
à l’emploi, à la culture, à la santé et aux espaces de loisirs et est un outil incontournable
dans la lutte aux changements climatiques. Cela dit, il représente également un important levier
économique à forte valeur ajoutée.
Un investissement dans ce secteur génère plus
d’emplois et de retombées que tout autre investissement dans le secteur des
transports. Selon l’Association canadienne du transport urbain (ACTU), les
dépenses en immobilisation dans le transport collectif au Canada ont totalisé, au
cours des huit dernières années 10 milliards $ et 21 milliards $ en retombées
économiques. Cela
s’explique en partie parce que le Canada compte plusieurs entreprises qui
œuvrent dans ce secteur. « Comme le Canada est un exportateur de matériel de transport collectif,
les investissements peuvent donc demeurer au Canada, créant ainsi des emplois
indirects dans le secteur
manufacturier et les industries connexes » (ACTU, 2010).
À l’échelle métropolitaine de Montréal, les
autorités organisatrices de transport ont injecté, en 2009, 1,8 milliard $ dans
l’économie. Cela a généré une valeur ajoutée de 1,1 milliard $ et des recettes
totales de plus de 216 millions $ pour le gouvernement du Québec et de près de 86
millions $ pour le gouvernement fédéral. Le secteur du transport collectif
montréalais soutient également plus de 14 000 emplois directs et indirects
(CCMM, 2010). À elle seule, la STM a injecté 1,2 milliard $ dans l’économie et
supporte plus de 12 000 emplois directs et indirects. Les activités de la
Société ont généré des recettes fiscales de 200 millions $ pour le gouvernement provincial et de 83
millions $ pour le gouvernement fédéral (ATUQ, 2010).
Retombées économiques d’un investissement
de 100 M$
Sources : ATUQ, 2009 et CCMM, 2010
POURSUIVRE SUR NOTRE LANCÉE
À l’instar de l’agglomération de Montréal et du
gouvernement du Québec, les récents efforts du gouvernement fédéral pour supporter
les transports collectifs comme les Fiducies d'investissement pour les transports en commun de
2006 et de 2008, le Fonds chantiers Canada, le Fonds de la taxe sur l'essence, le Programme de démonstration en
transport urbain ou encore le programme Sûreté-Transit
ont eu un impact positif significatif sur les activités de la STM et sur le service offert à la clientèle.
Cela dit, afin d’atteindre ses objectifs et
participer pleinement au développement économique, la STM, comme les autres
sociétés de transport du Canada, devra pouvoir compter sur le support de ses
partenaires incluant celui du gouvernement fédéral. S’il est financé et réalisé
dans son ensemble, le
Plan stratégique 2020 de la STM amènera annuellement, entre 2011 et 2020, la création de 4 300
emplois directs et indirects. De plus, en se basant sur les données de l’étude
de la CCMM (2010), l’atteinte des objectifs du Plan entraînerait une valeur
ajoutée à l’économie de 1,9 milliard $ et permettrait une économie annuelle de
114 millions $ liée à la réduction de la congestion.
RECOMMANDATIONS
Un investissement en transport collectif génère
des retombées importantes partout au Canada et permet la mise en place
d’infrastructures de transport modernes et efficaces qui participent à améliorer
la compétitivité et la vitalité des centres urbains. De plus, le développement
des transports collectifs réduit la demande pour des infrastructures routières
supplémentaires et encourage un mode de développement durable qui permettra aux
villes, poumon économique du pays, de prospérer pour les décennies à venir sur
le plan social, environnemental et économique.
1 Il est recommandé de créer un fonds national
pour le transport collectif afin d’assurer un financement prévisible et à long terme des
immobilisations.
2. Le budget 2011 indique que le gouvernement
déposera les mesures législatives pour rendre permanent l’investissement annuel
de 2 milliards de dollars destiné au Fonds de la taxe sur l’essence. Il est
recommandé que cette contribution soit également indexée sur une base annuelle.
3. Le ministre des Transports de
l’Infrastructure et des Collectivités du Canada a affirmé qu’il va développer
un programme d'infrastructures publiques à long terme qui se prolongera une
fois que le plan Chantiers Canada sera terminé. Il est recommandé que les
transports collectifs demeurent une catégorie éligible au financement fédéral.
BIBLIOGRAPHIE